Tendre vers l'autonomie alimentaire

Retrouver indépendance, sérénité et abondance

Tendre vers l'autonomie alimentaire

S’orienter vers l’autonomie alimentaire est souvent motivé par plusieurs désirs :

    • manger sainement ;
    • limiter son empreinte carbone ;
    • vivre un retour à la terre ;
    • atteindre une indépendance énergétique.

Cet objectif d’autosubsistance permet d’entretenir une forme de liberté par :

  • la sobriété énergétique ;
  • l’autosuffisance alimentaire ;
  • le développement de liens de solidarité entre voisins ;
  • le partage de compétences.

Cela prend beaucoup de sens dans un contexte où nous arrivons au terme de l’ère des énergies fossiles accessibles et bon marché.

Comment tendre vers l’autonomie alimentaire ? Est-ce réalisable ? Faut-il envisager l’autosuffisance alimentaire à l’échelle de la maison, de la commune ou de la région ?

Autosubsistance : avantage aux circuits courts !

Dans un contexte où les énergies fossiles seront de plus en plus rares, le coût des transports, des opérations de transformation et du stockage réfrigéré sera de plus en plus élevé. L’autonomie alimentaire devra alors se concevoir à l’échelle du village et des communes avoisinantes pour la grande majorité de nos besoins de consommation alimentaire. Avec la raréfaction du pétrole, les denrées alimentaires seront davantage transportées par des énergies renouvelables :

  • à dos d’homme ;
  • par traction animale ;
  • en transport fluvial et marine à voile ;
  • à bicyclette…

Pour une agriculture décarbonnée : produire des fruits et légumes

Il est tout à fait possible de produire des fruits et légumes en permaculture.

Il n’existe aucun label « Permaculture ». Certains producteurs en Agriculture Biologique se sont inspirés de méthodes permaculturelles pour réduire l’empreinte carbone* de leur production arboricole et maraîchère et en même temps améliorer la biodiversité sur leurs parcelles. Ces professionnels souvent discrets sont peu médiatisés. Pour autant leurs résultats sont très satisfaisants.

* L’empreinte carbone d’une activité humaine est une mesure des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique, c’est-à-dire qui peuvent lui être imputées. Elle dépend des facteurs d’émission des intrants liés à cette activité et en particulier des facteurs d’émission associés aux sources d’énergie utilisées.

Cultiver des céréales

Techniquement, il est facile de cultiver des céréales. Il suffit de :

  1. débarrasser le sol de la flore spontanée par un paillage estival ;
  2. ôter le paillage en novembre ;
  3. semer en direct le blé, l’orge, le seigle, l’avoine, etc.

C’est une forme de semis direct sous-couvert. On utilise habituellement une dose de semence de 200-250 kg/ha, soit 20-25 g/m2. Les céréales ont un effet très bénéfique sur le sol. Leurs racines structurent le sol en profondeur.

Faut-il faire son pain ?

La fabrication du pain demeure très énergivore. Du champ à l’assiette, de nombreuses opérations s’enchaînent :

  • moisson : récolte des gerbes de blé ;
  • battage : séparer le grain de l’épi ;
  • moudre le grain pour la fabrication de farine ;
  • pétrissage ;
  • cuisson qui demande du bûcheronnage pour une cuisson au feu de bois

Sans pétrole, il est très probable que la fabrication de pain diminue, voire devienne anecdotique. Cultiver des céréales ne garderait de l’intérêt que pour la consommation de grains entiers et de graines germées.

Et si c’était une bonne nouvelle pour notre santé ?

Élever des poules et des cochons

Les petits animaux domestiques sont un pilier pour l’autonomie alimentaire.

Les poules, les oies et les cochons rendent de nombreux services :

  • régulation des populations d’insectes ravageurs comme le balanin et le carpocapse consommés par les poules ;
  • travail du sol ;
  • production d’œufs et de plumes ;
  • production d’excréments riches en phosphore, un excellent engrais fertilisant ;
  • production de viande.

Ces trois animaux cohabitent très bien ensemble. Les cochons sont des animaux forestiers au même titre que les poules. Ils sont faciles à élever car relativement rustiques. Ils peuvent se procurer une bonne partie de leur nourriture dans une forêt et une prairie. Ils entretiennent le milieu dont ils ont besoin. Les petits animaux d’élevage sont des alliés très accessibles techniquement pour atteindre la résilience alimentaire.

La cueillette des plantes sauvages comestibles consolide l'autosuffisance alimentaire

La cueillette de plantes sauvages comestibles peut constituer une ressource pour l’autosubsistance en nourriture. Les plantes sauvages sont souvent très riches en nutriments. Elles ne sont pas toujours adaptées à nos besoins nutritionnels et sont donc à consommer avec modération. C’est le cas des :

  • orties ;
  • chénopodes ;
  • rumex ;
  • pissenlits ;
  • plantains ;
  • glands ;

Il n’y a en revanche aucun problème pour s’alimenter généreusement avec les fruits sauvages comme les :

  • mûres ;
  • cynorhodons ;
  • myrtilles ;
  • prunelles ;

Atteindre la résilience alimentaire

Pour atteindre la résilience alimentaire, la sécurité alimentaire doit être garantie malgré des aléas variés et imprévus, comme :

  • une perturbation dans le système d’approvisionnement ;
  • une crise dans le système économique ;
  • des canicules et des sécheresses répétées perturbant les productions agricoles…

Pour atteindre la résilience alimentaire, notre régime alimentaire doit donc :

  • répondre aux besoins physiologiques des humains ;
  • ne pas être carencé ;
  • être non-polluant pour l’environnement ;
  • être décarboné c’est-à-dire être affranchi de produits pétroliers (carburant, paillage plastique, bâche de serre…) ;
  • contenir moins de céréales ;
  • contenir très peu de viande et de produits laitiers.

Paysages comestibles et alimentation hygiéniste

L’autonomie alimentaire en permaculture serait donc envisageable dans un paysage comestible constitué de :

  • jardin-forêt ;
  • haie fruitière ;
  • agroforesterie fruitière intraparcellaire ;
  • pré-verger ;
  • forêt comestible ;

Le jardin-forêt permet l’autosubsistance par la production de tous les aliments nécessaire à nos besoins et sans utiliser de ressources pétrolières. De plus, le travail a y effectuer reste très modéré : entre 300 et 600 heures de travail/hectare/an. Pour une récolte équivalente, les plantes pérennes (arbres fruitiers, vignes) nécessitent beaucoup moins de travail que les plantes annuelles (céréales et légumes).

Le jardin-forêt offre la possibilité d’une alimentation hygiéniste car on y cultive un peu de légumes et surtout en grande majorité des fruits :

  • petits fruits rouges : fraise, framboise, cassis, groseille…
  • fruits à pépins : asimine, figue, kaki, kiwi, pomme, poire, raisin…
  • fruits à noyau : abricot, cerise, pêche, prune…
  • fruits à coque ligneuse : amande, châtaigne, noix, noisette.

Outre le plaisir de manger des fruits en toutes saisons, ce régime alimentaire frugivore nous permet concrètement de :

  • s’affranchir des ressources pétrolières ;
  • nécessiter peu de main d’œuvre par rapport aux productions maraîchères produisant des plantes annuelles ;
  • résister aux aléas climatiques, notamment les sécheresses et les canicules ;
  • favoriser la biodiversité ;
  • intégrer les espèces sauvages.

 

Pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, l’avenir agricole s’orientera donc probablement vers les productions de plantes pérennes comme les arbres fruitiers. Ces cultures fruitières pérennes sont plus adaptées à nos conditions climatiques actuelles et à venir, contrairement aux cultures céréalières et maraîchères. Le chemin le plus simple pour atteindre l’autonomie alimentaire en permaculture est donc la production fruitière de plantes pérennes en créant des paysages comestibles.

 

Samuel SACHOT